Interview

Martine Brousse a créé La Voix De l’Enfant en 1981, pour offrir une voix aux enfants en détresse en France. Mais son projet ne pouvait se limiter aux frontières de l’Hexagone. Martine Brousse est trop généreuse pour cela. En 2015, dans le cadre de la COP 21, elle a lancé, en duo avec la Fondation ENGIE, le programme pilote « Schools, Lights and Rights ». Depuis le lancement du projet, plus de 10 000 lampes solaires ont été distribuées à d es enfants, en Afrique ou en Asie.

Qu’est-ce-que le projet Schools, Lights and Rights ?
« L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde », disait Mandela. S’il y a u ne phrase qui a inspiré le projet Schools, Lights and Rights, c’est peut-être celle-là. En effet, tout est parti de la volonté partagée de la Fondation ENGIE et de La Voix De l’Enfant de permettre aux enfants les plus défavorisés d’accéder à l’éducation. De son côté, la Fondation ENGIE a pensé que la lumière était indispensable pour permettre à tous de bien étudier : le programme prévoit l’électrification d’écoles et la distribution de lampes solaires portables. Côté Voix De L’Enfant, nous savons que sans état civil, les enfants n’ont pas accès à l’école. Schools, Lights and Rights permet donc de donner des papiers d’identité à des enfants qui en sont dépourvus. À ce jour, près d’un million d’états civils ont été distribués, notamment en République démocratique du Congo, à Madagascar ou en Afrique du Sud.

Quels changements constatez-vous avec l’arrivée des lampes solaires ?
Ces petites lampes n’ont l’air de rien, mais elles changent la vie. Avant, en Afrique, les jeunes filles avaient peur de rentrer au village de nuit. Grâce aux lampes, elles sont joyeuses et chantent sur le chemin du retour. On dirait de joyeuses lucioles dans la nuit. Les lampes offrent aussi plus de sécurité, voire des moyens financiers complémentaires. En effet, il n’y a plus de risque d’incendies comme avec les lampes à pétrole. Et les économies réalisées sur l’achat du fuel permettent aux familles d’investir dans une paire de chaussures ou dans l’achat de livres.

« Seul, on va plus vite mais à plusieurs
on va plus loin »

Cela fait près de 40 ans que vous défendez l’enfance en détresse. Avec le recul, pouvez-vous dire que les enfants sont mieux entendus aujourd’hui ?
D’un côté, je vois des avancées certaines. La Convention internationale des Droits de l’Enfant n’existait pas il y 4 0 ans. Les technologies permettent de mieux communiquer à l’échelle de la planète, la science progresse, les maladies sont mieux soignées. De l’autre côté, j’ai le sentiment que la guerre n’est jamais gagnée et que de nouveaux problèmes ne cessent d’émerger. C’est parfois rude mais on n’a pas le droit de baisser les bras. Les enfants ont tellement envie de vivre, d’apprendre, ils nous donnent tellement qu’il serait inacceptable de perdre courage.

Et l’avenir, comment le voyez-vous ?

Je n’ai pas le don de lire dans les étoiles. Cependant, aujourd’hui, j’ai envie de croire que le beau peut gagner la bataille. J’ai envie d’espérer que l’humanité va enfin en finir avec l’individualisme. En Afrique, j’ai rencontré un prof qui me disait tout le temps : « Seul, on va plus vite mais à plusieurs on va plus loin. » Je pense souvent à cette phrase. Bien sûr, ce sont avant tout les enfants qui m’incitent à p orter un regard optimiste sur le futur.


Un million d’états civils distribués

Plus de 15 000 lampes distribuées dans le cadre du projet Schools, Lights and Rights

Électrification de 4 écoles ou centres d’accueil en Inde, au Burkina Faso et à Madagascar