Interview

Sauver des enfants atteints de cardiopathies graves, c’est le combat mené par Alain Deloche au sein de la Chaîne de l’Espoir. De Kaboul à Dakar, il observe les changements à l’œuvre en matière d’aide humanitaire. Pour lui, une chose est sûre : les « French doctors » appartiennent au passé ! Aujourd’hui, c’est sur place qu’il faut soigner, avec des médecins et personnels locaux. La Fondation ENGIE est là pour accompagner le mouvement.

Comment avez-vous rencontré la Fondation ENGIE ?
Tout a commencé à Kaboul en 2010. La Chaîne de l’Espoir avait construit là son premier « Pavillon des Enfants », un centre destiné au traitement post-opératoire d’enfants. À l’époque, c’est la Fondation Bernadette Chirac qui avait apporté l’essentiel du soutien. Et c’est d’ailleurs grâce à Ma dame Chirac que nous avons rencontré la Fondation ENGIE et Gérard Mestrallet. Suite à cette rencontre, je suis très rapidement devenu membre du Conseil d’Administration de la Fondation.

Que vous apporte cette collaboration ?
J’apprécie la cohérence de la vision et des actions de la Fondation. Le jury ne dévie pas de sa ligne en continuant, année après année, à accorder une place essentielle à la protection de l’enfance. Les thématiques se sont affinées – avec Martine Brousse de La Voix De L’Enfant, nous avons ainsi milité pour que la dimension santé soit introduite –, mais la philosophie reste la même. Par ailleurs, la Fondation arrive à créer des dynamiques ambitieuses de projet en associant des partenaires qui n’ont pas forcément l’habitude de travailler ensemble.

500

enfants accueillis par an dans le Pavillon des Enfants à Dakar

Si vous deviez citer un changement marquant intervenu en matière d’aide humanitaire ?
Les French doctors appartiennent désormais au passé ; ce sont les médecins locaux qui prennent le relais. En Afrique, par exemple, le nombre de médecins généralistes formés est de plus en plus important. Ils souhaitent de moins en moins exercer en Europe ou aux États-Unis et demandent juste à avoir les moyens de soigner chez eux. « Aidez-nous à rester, aidez-nous à devenir des spécialistes », c’est leur message aujourd’hui. Quand La Chaîne de l’Espoir forme des médecins cardiologues au Tchad, au Mali ou au Sénégal, je ressens une très grande fierté.

Et la technologie ?
Bien sûr, Internet, les mobiles et la technologie ont transformé la pratique de l’humanitaire. Dans certains villages en Afrique, il n’y a pas d’électricité, mais il y a de quoi recharger son portable. Grâce à Internet, les familles dans les villages les plus déshérités savent maintenant où nous trouver pour faire opérer leurs enfants atteints de malformation cardiaque.

Autre exemple, l’arrivée des échographes miniatures. Il y a encore dix ans, les échographes, indispensables pour toute opération cardiaque, étaient encore des « monstres », intransportables et inabordables. Il n’était donc tout simplement pas possible d’opérer sur place. Aujourd’hui, équipés de machines de nouvelle génération, les cardiologues africains peuvent intervenir directement au plus près de leurs malades.