Grâce aux microgrids installés par l’ONG Friendship avec l’aide de la Fondation ENGIE, la vie de plus de 250 000 habitants des îles inondables du Brahmapoutre a été bouleversée. Ces « déshérités parmi les déshérités » disposent maintenant d’électricité pour alimenter quelques ampoules, un ventilateur ou un chargeur de téléphone. Ce n’est presque rien… mais les impacts sur la santé, l’éducation et l’économie locale sont énormes. La Fondation ENGIE est partenaire de Friendship depuis dix ans.

Il y a quelques années, le gouvernement du Bengladesh fixait un objectif ambitieux : permettre l’accès à l’énergie de tous les habitants du pays, à l’horizon 2020. Dans un pays qui compte près de 25 millions de personnes vivant avec moins de 1,9 dollars par jour, le challenge peut sembler osé. Dans les « chars » du Brahmapoutre – des îles inondables, surpeuplées et loin de tout -, il paraît impossible à relever. D’ailleurs, tous les fournisseurs d’énergie solaire ont peu à peu fini par déserter le territoire.

Le projet-pilote s’est multiplié plus de 200 fois

Mais l’impossible ne fait pas partie du vocabulaire de Runa Khan, fondatrice de l’ONG Frienship, qui se bat depuis plus de vingt ans pour améliorer les conditions de vie des « oubliés des chars ». Avec l’aide de la Fondation ENGIE, Friendship lance en 2011 un projet pilote visant à installer des microgrids sur les toits de habitations. Le cahier des charges est complexe : il faut trouver une solution peu onéreuse, facile à mettre en œuvre et à maintenir. Grâce aux conseils des experts de Energy Assistance, les grids « Solar Home System » (SHS)sont choisis. Au début, quinze panneaux sont installés. Très vite, le projet « fait boule de neige », pour reprendre les mots de Runa Khan. « Il s’est reproduit plus de 200 fois au sein de la communauté. Il s’est même propagé à d’autres parties du pays. Aujourd’hui, il y a plus de 256 000 bénéficiaires, cela aurait été impossible sans la vision à long terme de la Fondation ENGIE », explique-t-elle.


Développement de l’économie locale

Ces grids SHS apportent bien plus que la lumière. L’énergie produite est fiable et remplace la lampe à kérosène pour un coût accessible. Et avec les accidents et risques de brûlures en moins. Elle permet aux enfants de faire leurs devoirs le soir, à la tombée de la nuit. Enfin, elle a un impact fort sur le développement de l’économie locale. Grâce aux SHS, les commerces restent ouverts plus tard, des femmes se lancent dans une activité d’artisanat. Plus de 300 techniciens para-solaires ont aussi été formés pour installer et/ou réparer les grids, notamment mis à mal sur le passage des cyclones, de plus en plus fréquents à cause du réchauffement climatique. Ces techniciens deviennent des micro-entrepreneurs et peuvent, grâce au complément de revenus, offrir un avenir à leur famille.


L’e-learning pour pallier l’absence de professeurs

La Fondation ENGIE a aussi joué un rôle essentiel dans le programme d’éducation de Friendship. L’un des enjeux de ce programme est de permettre aux enfants des « chars » de continuer à étudier après leurs études primaires. Souvent, même les plus talentueux n’ont pas les moyens de le faire : en effet, il n’y a pas de professeurs sur les îles et les familles sont trop pauvres pour payer les études « sur le continent ». Partant de ce constat, Friendship a créé un système d’enseignements à distance. Les cours sont enregistrés par les profs en direct du continent et suivis sur ordinateur par près de 700 élèves résidents sur les îles. Ce dispositif n’aurait pas été possible sans les panneaux installés sur les toits de 11 écoles du Brahmapoutre. Ce sont eux qui permettent de charger les ordinateurs.
« Avec la Fondation ENGIE, l’innovation est toujours au rendez-vous, se réjouit Runa Khan. Et c’est tout le pays qui en profite ! » Le succès de l’électrification des villages dans les « chars » a ainsi suscité l’attention du gouvernement du Bengladesh, qui a associé Friendship à plusieurs de ses projets-pilotes. « Les modèles les plus innovants sont en cours de reploiement dans les camps d’accueil des réfugiés du Rohingya », ajoute-t-elle.

« Dieu a amené Friendship à moi comme une bénédiction dans ma vie. Avant je n’avais aucune connaissance des panneaux solaires. Aujourd’hui je suis technicien para solaire qualifié et ma famille est bien nourrie. »

Momin, 39 ans, père de trois enfants

Boule de neige et triple impact

– Le projet-pilote SHS (Solar Home System) a fait boule de neige : de 15 micro-grids installés en 2012, on est passé à plus de 3 000 en moins de dix ans. Des dispositifs de ce type sont maintenant installés dans tous les pays (programmes IDCOL et Katiba)

– Impact énergie : 256 000 habitants de « chars » ont désormais accès à l’énergie

– Impact éducation : grâce à l’énergie solaire, les enfants apprennent mieux. Le taux de réussite aux examens secondaires est de plus de 98%

Impact économie locale :

  • 311 techniciens para-solaire gagnent un revenu complémentaire de 75 euros / mois, permettant de doubler en moyenne le revenu du ménage
  • 236 pêcheurs peuvent réparer leur filet le soir et consacrer plus de temps dans la journée à la pêche. La pêche constitue l’activité principale dans la région.
  • 155 femmes réalisent des travaux de couture, apportant un complément de revenu de 37 euros / mois au foyer
  • 168 commerçants utilisent l’électricité pour ouvrir leur échoppe le soir et obtenir ainsi un complément de revenu