"De la lumière pour les jeunes filles afghanes" - Chekeba Hachemi

Dossier

Les Afghans l’appellent l’« Insolente de Kaboul ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que Chekeba Hachemi n’a pas froid aux yeux. Et qu’elle sait faire preuve d’un courage à toute épreuve pour mener le combat de sa vie : permettre aux jeunes filles afghanes d’accéder à l’éducation. Quand elle crée l’association Afghanistan Libre en 1996, elle vit encore en France, où elle a dû fuir avec sa famille à l’âge de 11 ans. À cette époque, le pays est sous la coupe des Talibans et les femmes aux oubliettes de l’éducation

La Fondation ENGIE est partenaire d’Afghanistan Libre depuis 2014. Grâce à son aide, 13 écoles de la région du Panshir et du district de Paghman ont été équipées de panneaux solaires. Par ailleurs, l’association a reçu le soutien de la Fondation pour relayer le programme Schools, Lights & Rights en Afghanistan. À ce jour, plus de 3 000 jeunes filles ont pu acquérir leur « Tazkira », la précieuse pièce d’identité sans laquelle elles ne peuvent pas faire valoir leurs droits à suivre des cours à l’école. Des lampes solaires leur ont également été distribuées.

3000

états civils distribués aux jeunes filles afghanes

13

écoles équipées de panneaux solaires


« Ces petites lampes n’ont l’air de rien, mais elles changent la vie » - Martine Brousse

Interview

Martine Brousse a créé La Voix De l’Enfant en 1981, pour offrir une voix aux enfants en détresse en France. Mais son projet ne pouvait se limiter aux frontières de l’Hexagone. Martine Brousse est trop généreuse pour cela. En 2015, dans le cadre de la COP 21, elle a lancé, en duo avec la Fondation ENGIE, le programme pilote « Schools, Lights and Rights ». Depuis le lancement du projet, plus de 10 000 lampes solaires ont été distribuées à d es enfants, en Afrique ou en Asie.

Qu’est-ce-que le projet Schools, Lights and Rights ?
« L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde », disait Mandela. S’il y a u ne phrase qui a inspiré le projet Schools, Lights and Rights, c’est peut-être celle-là. En effet, tout est parti de la volonté partagée de la Fondation ENGIE et de La Voix De l’Enfant de permettre aux enfants les plus défavorisés d’accéder à l’éducation. De son côté, la Fondation ENGIE a pensé que la lumière était indispensable pour permettre à tous de bien étudier : le programme prévoit l’électrification d’écoles et la distribution de lampes solaires portables. Côté Voix De L’Enfant, nous savons que sans état civil, les enfants n’ont pas accès à l’école. Schools, Lights and Rights permet donc de donner des papiers d’identité à des enfants qui en sont dépourvus. À ce jour, près d’un million d’états civils ont été distribués, notamment en République démocratique du Congo, à Madagascar ou en Afrique du Sud.

Quels changements constatez-vous avec l’arrivée des lampes solaires ?
Ces petites lampes n’ont l’air de rien, mais elles changent la vie. Avant, en Afrique, les jeunes filles avaient peur de rentrer au village de nuit. Grâce aux lampes, elles sont joyeuses et chantent sur le chemin du retour. On dirait de joyeuses lucioles dans la nuit. Les lampes offrent aussi plus de sécurité, voire des moyens financiers complémentaires. En effet, il n’y a plus de risque d’incendies comme avec les lampes à pétrole. Et les économies réalisées sur l’achat du fuel permettent aux familles d’investir dans une paire de chaussures ou dans l’achat de livres.

« Seul, on va plus vite mais à plusieurs
on va plus loin »

Cela fait près de 40 ans que vous défendez l’enfance en détresse. Avec le recul, pouvez-vous dire que les enfants sont mieux entendus aujourd’hui ?
D’un côté, je vois des avancées certaines. La Convention internationale des Droits de l’Enfant n’existait pas il y 4 0 ans. Les technologies permettent de mieux communiquer à l’échelle de la planète, la science progresse, les maladies sont mieux soignées. De l’autre côté, j’ai le sentiment que la guerre n’est jamais gagnée et que de nouveaux problèmes ne cessent d’émerger. C’est parfois rude mais on n’a pas le droit de baisser les bras. Les enfants ont tellement envie de vivre, d’apprendre, ils nous donnent tellement qu’il serait inacceptable de perdre courage.

Et l’avenir, comment le voyez-vous ?

Je n’ai pas le don de lire dans les étoiles. Cependant, aujourd’hui, j’ai envie de croire que le beau peut gagner la bataille. J’ai envie d’espérer que l’humanité va enfin en finir avec l’individualisme. En Afrique, j’ai rencontré un prof qui me disait tout le temps : « Seul, on va plus vite mais à plusieurs on va plus loin. » Je pense souvent à cette phrase. Bien sûr, ce sont avant tout les enfants qui m’incitent à p orter un regard optimiste sur le futur.


Un million d’états civils distribués

Plus de 15 000 lampes distribuées dans le cadre du projet Schools, Lights and Rights

Électrification de 4 écoles ou centres d’accueil en Inde, au Burkina Faso et à Madagascar



« Apporter la lumière, c'est apporter tout » - Runa Khan

Interview

Pourquoi avez-vous décidé de créer Friendship ?
Parce que j’aime aller là où personne ne veut aller. J’ai créé Friendship en 2002, avec mon mari, pour aider les familles oubliées de tous, déshéritées parmi les déshéritées, dans la province reculée du Bahmapoutre. Quand nous avons eu l’idée de transformer un bateau en hôpital flottant, personne n’a cru en notre projet. Même ma sœur se demandait si je n’étais pas devenue folle. C’est ce qui m’a motivée. Depuis 2002, je n’ai cessé de me battre pour cette région et je crois que les résultats sont là. L’autre jour, j’entendais l’une de mes collaboratrices dire à un partenaire : « Si vous ne croyez pas au changement, allez voir un village Friendship, vous changerez d’avis. » Cette petite phrase est un grand cadeau de la vie.

3000

micro-réseaux distribués

10000

familles bénéficiaires

Avec la Fondation ENGIE, Friendship installe des panneaux solaires dans les villages du Brahmapoutre. En quoi ce projet vous tient-il à cœur ?
Au début, Friendship n’a pas centré son action sur l’accès à l’électricité. Mais, petit à petit, c’est devenu une question centrale. Je me suis simplement rendu compte qu’en apportant la lumière, j’apportais tout. Avec la lumière, les enfants peuvent étudier plus longtemps à la nuit tombée – nous avons d’ailleurs constaté une nette amélioration des résultats scolaires avec l’arrivée de l’électricité. Les panneaux solaires ont aussi un impact positif en termes de santé et de sécurité, avec une baisse du nombre d’incendies liés aux lampes à kérosène et moins d’agression durant la nuit.

Last but not least, l’électricité apporte des compléments de revenus aux villageois. Les magasins peuvent par exemple rester ouverts plus tard. Nous sommes aussi en train de développer de nouvelles formes d’emploi, en formant des techniciens chargés de la maintenance des panneaux.

Le projet financé par la Fondation ENGIE a également reçu le soutien du gouvernement bengali, qui a décidé de le dupliquer à d’autres villages

Quels sont vos plus grands challenges pour l’avenir ?

Le plus grand défi, c’est le changement climatique. Au Brahmapoutre, les inondations et les cyclones se font de plus en plus fréquents. Les habitants des îles doivent parfois quitter leur maison du jour au lendemain. Dans ces conditions, il est plus difficile de construire des projets à long terme.

Je me bats aujourd’hui pour convaincre les chefs d’État et les grandes entreprises de l’urgence d’agir. Certains le font, à l’instar d’ENGIE qui a bien compris que le déploiement énergétique ne pouvait pas se faire sans penser, globalement, aux incidences environnementales, même dans les régions les plus reculées de la planète. Aujourd’hui, New York, Paris ou le Brahmapoutre, nous sommes tous sur le même radeau !